apprenons à mieux connaître la nature et nous‐mêmes !
Nouvelle sagesse
Nouvelle sagesse
Le message que Wohlleben veut transmettre, c’est qu’il n’y a aucune raison d’être pessimiste ! (3ième partie)
L'équipe Macro Editions
« J’entends les écologistes dire que l’homme est une maladie pour la planète, que nous vivons une époque terrible où nous sommes en train de détruire la nature à jamais. Mais ce n’est pas vrai. Nous vivons une époque extraordinaire.
Nous nous surestimons si nous pensons pouvoir détruire la planète au point de nous compliquer la vie. Je préfère penser à ce que nous pouvons faire de bien. Au lieu de me plaindre de ce qui est perdu, je décris la beauté de la nature qui existe encore. Ça fonctionne bien mieux que des prédications. »
Si nous apprenons à mieux connaître la nature, nous apprenons à mieux nous connaître nous‐mêmes, soutient Wohlleben.
Les arbres ressemblent aux hommes
Car de même que les arbres ressemblent aux hommes, de même les hommes ressemblent aux arbres. Il n’hésite pas à appliquer le même raisonnement pour la question des réfugiés. « Les Syriens sont des personnes, c’est dans notre intérêt biologique de les aider. Même si nous, les 450 millions d’habitants de l’Union européenne, offrions un refuge à la population syrienne tout entière, nous ne serions pas obligés de faire des sacrifices. D’un point de vue pratique, ça ne pose aucun problème.
Les hêtres le savent : plus la forêt est grande, plus on est fort.
Mais à une seule condition : il faut s’entraider.
Les arbres qui se soutiennent les uns les autres
s’en tirent toujours mieux que les autres. »
Il est frappant de constater que Wohlleben emploie souvent le mot « forêt » quand il parle de la nature. C’est voulu. Il n’a guère de sympathie pour les écologistes qui libèrent de grands animaux des prés (« des vaches et des chevaux déguisés en bêtes sauvages ») pour reconstituer le milieu des grandes prairies. « Je comprends que certaines espèces d’insectes ou d’oiseaux aient besoin de zones ouvertes, mais pas au détriment de forêts qui existent depuis des milliers d’années. Les grands animaux des prés vivaient sur les rives des grands cours d’eau et en bordure de végétation arborée, et là, il y a toujours eu des hêtraies.
En réalité, il faut intervenir le moins possible,
parce que la nature surveillée n’est pas la nature.
Si vous laissez faire la hêtraie, elle se recrée spontanément. Un bon environnementaliste doit savoir quand il le faut garder les mains dans les poches. C’est vrai que, de cette manière, on n’a guère de quoi se vanter. Je ne peux pas dire que c’est moi qui ai créé cette forêt. Je peux seulement être fier d’avoir empêché qu’elle disparaisse.
"Le message que Peter Wohlleben veut transmettre,
c’est qu’il n’y a aucune raison d’être pessimiste"
« Dans toute l’Allemagne, poursuit‐il, il ne reste que 0,3 % de forêt vierge originelle, et celle‐ci en fait partie. Il y a cinquante ans déjà, on avait conseillé aux habitants de Hümmel d’abattre les hêtres et de les remplacer par des sapins de Douglas, qui poussent plus vite. J’ignore pourquoi la population s’y est opposée, mais je peux l’imaginer : les gens aimaient cette forêt.
Certaines recherches scientifiques ont montré qu’une forêt en bonne santé procure davantage de bien‐être au promeneur qu’une plantation de sapins. Une forêt de ce type a une influence mesurable sur le système immunitaire et sur la pression sanguine. Ce qui est logique du point de vue de l’évolution, étant donné que l’espèce humaine s’est développée dans des paysages naturels. »
Dans la forêt‐cimetière de Hümmel, Wohlleben a déjà choisi l’arbre sous lequel il sera enterré : le n° 70, un hêtre haut et droit de deux cents ans qui fournirait sans doute du très bon bois. « Quand je travaillais encore pour l’administration d’État, on a cherché à me convaincre d’abattre tous ces arbres, alors qu’ils sont indispensables à la biodiversité. Certains pics ne s’installent que dans des arbres aussi vieux. J’ai une concession pour cent ans. Cet arbre arrivera donc au moins jusqu’à l’âge de trois cents ans. C’est pour moi un motif de grande satisfaction.
Instructions pour la forêt avec Peter Wohlleben
Quand on lui fait remarquer qu’il semble avoir choisi son arbre en faisant appel à son oeil de forestier, Wohlleben se contente de sourire : « Un jour, ce splendide bois pourrira et sera dévoré par les insectes et les champignons. C’est un arbre qui me rend heureux, parce qu’il a été sauvé pour le plus grand bien de la forêt, et non parce qu’il a échappé à l’industrie du bois. Je ne perds plus mon temps avec les gardes forestiers, je préfère parler avec les propriétaires des forêts et avec les gens qui les visitent.
Savez‐vous combien de forêts possède l’État belge. Non ? Alors vous ne savez pas combien de forêts vous possédez. Le propriétaire des forêts belges, ce n’est pas l’office national des forêts du pays, c’est vous, en tant que citoyen belge. »
Environ cinquante mille urnes funéraires ont déjà été enterrées au milieu des racines des hêtres de Hümmel. Wohlleben, amusé, raconte qu’au départ, l’évêque de Trèves avait averti les fidèles que se faire inhumer dans la nature n’apportait aucune garantie de résurrection de la chair à la fin des temps : « Ça a été la meilleure des publicités. L’Allemagne entière a aussitôt appris notre existence. »
Après avoir écrit son livre sur les arbres, Wohlleben s’est vu convaincre par son éditeur d'écrire d'autre livre, dont L'horloge de la nature, un livre pour prévoir le temps, comprendre les saisons, comprendre les animaux et les plantes et enfin comprendre le milieu dans lequel nous vivons.
Aujourd’hui, Wollheben travaille de nouveau à un livre dédié aux arbres : un manuel d’instructions pratiques pour la forêt, qui s’adresse à tous ceux qui ont l’intention d’en visiter une.
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Hans Cottyn, De Standaard, Belgique.
Suite de la présentation du travail de forestier de Peter Wohlleben :
Part. 1 : Peter Wohlleben : L’homme qui parle avec les arbres
Part. 2 : Chapitres d’une promenade | trop de travail
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