Peter Wohlleben : L’homme qui parle avec les arbres
Actualités et Conspirations

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Durant des années, il a essayé de défendre les forêts allemandes en exerçant la profession de garde forestier. Puis il a découvert qu’écrire des livres pour raconter la vie des plantes était plus efficace.
L'équipe Macro Editions
Ceux qui pensent qu’un vieux et dégarni bois de feuillus est un lieu déprimant pour une promenade par une matinée d’hiver ne sont jamais allés dans la hêtraie pluriséculaire du village allemand de Hümmel, près de la frontière belge.
Hauts et lisses, les troncs de hêtres communiquent un sentiment de profonde familiarité. Les pinsons ramassent les faînes parmi les feuilles roussâtres et s’envolent quand on s’approche, tandis que d’autres oiseaux, invisibles, chantent depuis la cime des arbres.
Un hêtre mort d’au moins un mètre de circonférence est couché en travers d’un petit ruisseau bouillonnant et scié en gros tronçons placés en enfilade, à l’exception de la souche, déracinée, qui devait à l’origine se trouver sur le sentier.
Sur ce sentier avance un homme grand et chauve en tenue de camouflage : le gardien de la forêt, Peter Wohlleben. Il a les épaules en permanence voûtées, comme s’il était conscient de son imposante taille, et marche prudemment. « Celui‐ci a au moins douze ans. » L’arbre lui arrive au maximum à la cheville...
... puis il désigne un arbuste d’un mètre et demi de haut et épais comme un crayon :
« Et celui‐là a certainement cent ans. Les hêtres poussent lentement. Ils peuvent ainsi vivre bien plus longtemps que d’autres arbres, mais pour ceux qui veulent couper du bois, le hêtre n’est vraiment pas l’arbre qui convient. Quand les arbres ont des feuilles, 3 % seulement de la lumière atteint le sol. S’ils n’étaient pas nourris par le biais des racines de l’arbre mère, ces petits ne survivraient pas. »
Peter Wohlleben tenant un vieil arbre (!)
Il y a un an et demi encore, Wohlleben était un garde forestier inconnu aux idées peu orthodoxes. Aujourd’hui, c’est un auteur de best‐sellers qui compte des admirateurs jusqu’au Japon. En mai 2015 est sorti son 16e livre, La Vie secrète des arbres. Wohlleben y explique les plus récentes théories scientifiques sur les arbres en utilisant des comparaisons toutes simples, souvent anthropomorphiques :
" Les arbres mères allaitent leurs petits.
Les arbres parlent, pleurent de douleur
et avertissent leurs congénères si un péril les menace.
Certains ont eu une enfance difficile,
d’autres ont tout simplement mauvais caractère."
Wohlleben ne croit pas qu’il existe une différence substantielle entre les plantes et les autres êtres vivants. Il ne cherche pas la métaphore la plus belle, mais la plus compréhensible. Les forêts sont comme des troupeaux d’éléphants, mais plus lents. Wohlleben définit les réseaux de mousse dans le sol grâce auxquels les arbres peuvent communiquer comme l’Internet de la forêt, qu’il nomme par un jeu de mots : « wood wide web ».
Son livre a été vendu à 700 000 exemplaires rien qu’en Allemagne (on est à 1 million au premier trimestre 2017), et les droits de traduction ont été acquis dans trente pays. Selon Wohlleben, ce n’est pas pourtant même pas son meilleur livre :
« Personne ne s’y attendait, le premier tirage ne dépassait pas quelques milliers d’exemplaires. Je ne sais pas du tout pourquoi c’est devenu un best-seller. Que les gens soient intéressés par les arbres ne m’étonne pas ; ce qui me surprend, c’est qu’ils soient intéressés par ce qu’a à dire un garde forestier de Hümmel. »
Hans Cottyn, De Standaard, Belgique.
Biographie de Peter Wohlleben
- 1964 Naissance à Bonn, en Allemagne.
- 1986 Il commence à travailler comme garde forestier.
- 2007 Il écrit son premier livre.
- 2016 Parution de La Vie secrète des arbres.
- 2017 parution du second livre de Peter :
Suite de la présentation de travail de forestier de Peter Wohlleben :
Part. 2 : Chapitres d’une promenade | trop de travail
Part. 3 : Les mains dans les poches | Instructions pour la forêt
